Vers un changement de paradigme dans les relations USA-Afrique
Le retour de Donald Trump à la présidence des États-Unis pourrait profondément redéfinir les relations entre Washington et l’Afrique, notamment pour les pays francophones. Contrairement aux administrations précédentes, Trump privilégie une approche pragmatique, axée sur les accords commerciaux bilatéraux et les investissements stratégiques plutôt que sur l’aide au développement. Cette nouvelle dynamique pourrait représenter une opportunité majeure pour le secteur technologique africain, notamment pour les intégrateurs et revendeurs IT qui cherchent à renforcer leurs partenariats internationaux. Explications.
Sous Trump, les États-Unis se sont progressivement éloignés des modèles traditionnels d’aide au développement pour se concentrer sur des partenariats commerciaux. L’initiative Prosper Africa, lancée lors du premier mandat trumpiste, devrait être renforcée, offrant ainsi aux entreprises africaines un accès facilité aux investisseurs américains.
Prosper Africa : un levier pour l’investissement et le commerce
Prosper Africa est un programme mis en place pour stimuler le commerce et l’investissement entre les États-Unis et l’Afrique en facilitant l’accès des entreprises africaines aux financements, aux marchés et aux ressources technologiques américaines.
Concrètement, Prosper Africa offre aux entreprises africaines une assistance technique, un accompagnement pour lever des fonds et un accès facilité aux marchés américains grâce à la suppression de certaines barrières administratives et réglementaires. Plusieurs secteurs stratégiques sont ciblés, notamment les infrastructures numériques, l’énergie, l’agriculture et les services financiers.
Quelles implications pour les pays d’Afrique francophone ?
La réactivation de l’initiative Prosper Africa pourrait donc avoir des répercussions significatives pour les pays d’Afrique francophone, notamment ceux qui disposent déjà de stratégies de digitalisation avancées.
En Côte d’Ivoire, où le gouvernement mise sur la transformation numérique avec des projets tels que e-Gouv, Prosper Africa pourrait, en effet, faciliter des investissements américains dans les plateformes de services publics numériques et la cybersécurité. Au Sénégal, qui ambitionne de devenir un hub technologique régional, les entreprises de la fintech et des infrastructures cloud pourraient bénéficier d’un appui accru pour se connecter au marché américain.
Même chose au Maroc, qui s’affirme comme un leader africain en matière d’innovation, avec une population bien formée aux nouvelles technologies (500 000 développeurs), et qui bénéficie déjà du soutien de grands groupes internationaux comme Amazon, Microsoft et Orange. Le pays a également investi massivement dans les énergies renouvelables et les technopôles, ce qui en fait un candidat prometteur pour les investissements technologiques américains. Le pays bénéficie par ailleurs d’une forte attractivité pour les investissements étrangers (selon BPIFrance) et de la solidité de son système bancaire.
Le Bénin, qui modernise son infrastructure numérique, pourrait aussi attirer des investissements américains pour renforcer ses centres de données et améliorer la cybersécurité des services publics. Quant au Cameroun, où l’extension de la fibre optique est une priorité nationale, il pourrait voir l’arrivée de nouveaux financements pour accélérer l’adoption du haut débit.
Et l’impact de Prosper Africa ne se limite pas aux grandes entreprises et aux administrations. Les startups technologiques et les PME africaines pourraient aussi en bénéficier grâce à des mécanismes de financement simplifiés et un accompagnement spécifique. Par exemple, les incubateurs et accélérateurs basés au Rwanda et en Tunisie ont déjà reçu des soutiens dans le cadre de cette initiative.
Même orientation dans le secteur des services financiers, où des entreprises comme Wave, PayDunya ou CinetPay, qui opèrent en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Mali, pourraient profiter de Prosper Africa pour renforcer leur position sur le marché et obtenir des financements pour élargir leurs services.
La concurrence technologique avec la Chine : un levier pour l’Afrique
L’administration Trump a également mené une politique agressive contre l’expansion de la Chine en Afrique, notamment en matière d’infrastructures numériques. Avec ce second mandat de Donald Trump, cette tendance pourrait s’accentuer, avec un soutien accru aux entreprises africaines qui optent pour des solutions américaines en matière de 5G, de cybersécurité et d’hébergement cloud.
Le Bénin, qui a récemment signé des accords pour moderniser son réseau télécom, pourrait ainsi bénéficier de l’expertise américaine pour le déploiement d’infrastructures sécurisées. Au Cameroun, pour l’expansion de la fibre optique, un partenariat avec des entreprises comme Cisco pourrait permettre de sécuriser les communications gouvernementales et industrielles contre les cyberattaques.
Trois secteurs stratégiques en plein essor
L’Afrique connaît par ailleurs une explosion des besoins en stockage et en puissance de calcul. Avec la montée des exigences en souveraineté numérique, les entreprises locales pourraient bénéficier de partenariats avec des acteurs américains (Microsoft, Google, Amazon, etc.) pour l’implantation de datacenters et de services cloud sécurisés (comme l’a déjà fait Microsoft en Afrique du Sud et au Kenya). Au Maroc, où des datacenters de Huawei sont déjà en place, un contrepoids américain pourrait permettre une diversification de l’offre et une meilleure résilience technologique.
Trump ayant mis l’accent sur les relations commerciales directes, les entreprises africaines de paiement numérique et de commerce en ligne pourraient aussi voir leurs accès au marché américain facilités. Cela pourrait accélérer la croissance de solutions locales dans les paiements transfrontaliers et le mobile banking. La Côte d’Ivoire, avec des acteurs comme Wave et CinetPay, pourrait ainsi voir ces startups intégrer de nouveaux services adaptés aux exigences réglementaires américaines. Des startups comme Chipper Cash (Ouganda/Ghana) ou Flutterwave (Nigeria) ont d’ailleurs déjà levé plusieurs dizaines de millions de dollars et attiré des investisseurs américains. Selon McKinsey, le marché fintech en Afrique devrait atteindre environ 230 milliards de dollars en 2025, avec une croissance annuelle de 10%.
Enfin, alors que les États-Unis cherchent à sécuriser leurs infrastructures numériques contre les influences étrangères, des partenariats renforcés avec l’Afrique en matière de cybersécurité pourraient émerger. Des formations, des financements et des transferts de technologie seraient alors envisageables. L’Algérie, qui développe son propre cadre législatif en cybersécurité, pourrait profiter d’un échange technologique renforcé avec des géants américains.
Opportunités et défis pour les acteurs IT africains
Si la politique commerciale de Trump reste marquée par un protectionnisme certain, elle pourrait paradoxalement inciter les entreprises américaines à renforcer leurs implantations en Afrique pour contourner certaines barrières douanières. Cela représenterait une opportunité pour les intégrateurs et revendeurs IT de s’impliquer davantage dans des projets de transformation numérique soutenus par des fonds américains.
Toutefois, le contexte reste incertain et les acteurs africains du numérique devront faire preuve de flexibilité et d’anticipation pour tirer parti de ces évolutions. En développant des solutions adaptées aux besoins locaux et en se positionnant comme partenaires stratégiques des géants technologiques américains, ils pourront capitaliser sur cette nouvelle ère des relations USA-Afrique.
La clé du succès ?
Ce second mandat de Donald Trump pourrait certes bousculer les relations internationales, mais il pourrait aussi offrir de nouvelles opportunités pour les entreprises africaines du secteur IT. La clé du succès résidera dans la capacité des acteurs africains à se positionner en interlocuteurs incontournables pour les investisseurs et fournisseurs technologiques américains. Les gouvernements devront, en parallèle, structurer leurs cadres réglementaires et améliorer leurs infrastructures pour tirer pleinement parti de ces nouvelles opportunités.
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