Transformation digitale des entreprises d’Afrique Francophone : Opportunités, défis et stratégies gagnantes
Grâce à sa formidable diversité culturelle et économique, l’Afrique francophone est aussi en train de devenir un terrain propice à la transformation digitale des entreprises privées et des administrations publiques. Toutes cherchent d’ailleurs aujourd’hui à exploiter les avantages des technologies émergentes pour gagner en compétitivité et en agilité. Au premier rang desquelles figurent la GED, le cloud et les solutions d’automatisation.
GED : une dynamique positive
La Gestion Électronique de Documents (GED) se fraye peu à peu un chemin jusqu’aux administrations et organisations des pays d’Afrique francophone. Certains sont d’ailleurs déjà sensibilisés aux avantages de la GED et sont plus en avance que les autres dans ce domaine. C’est le cas du Bénin, qui montre un intérêt croissant pour la GED, avec des projets visant à moderniser les services publics grâce à la dématérialisation des documents. Les entreprises sénégalaises, qui brassent encore beaucoup de documents papiers, reconnaissent, elles aussi, les bénéfices de la GED pour améliorer la gestion de l’information et répondre plus efficacement aux besoins de leurs clients.
Au Maghreb, la GED gagne également en popularité, en particulier dans le secteur public. Des initiatives gouvernementales ont été lancées pour digitaliser certains processus administratifs, améliorer la gestion des documents et favoriser l’efficacité opérationnelle. Même constat en Côte d’Ivoire et au Cameroun, où la GED prend du galon dans le secteur des services financiers et au sein des grandes entreprises.
L’adoption de la GED est souvent motivée par la recherche d’une meilleure gestion de l’information, la réduction des coûts, la conformité réglementaire et l’amélioration de l’efficacité opérationnelle. Les gouvernements, les grandes entreprises et les ONG sont les principales locomotives dans cette modernisation.
Toutefois, certains éléments freinent encore le déploiement à plus grande échelle des solutions de GED, notamment des craintes quant aux coûts initiaux de mise en œuvre (la GED n’est pourtant pas réservée qu’aux grandes structures !), mais aussi le manque de compétences informatiques et de formation des utilisateurs, ou encore les doutes quant à la sécurité des données dans ce nouvel environnement numérique.
Malgré cela, les pays d’Afrique francophone restent engagés dans une vaste transformation digitale et continuent à intégrer la GED dans leurs processus à mesure que la technologie et les infrastructures se développent.
SaaS et Cloud : le Sénégal comme modèle
L’adoption du cloud en Afrique francophone connaît une croissance progressive, bien que les avancées varient d’un pays à l’autre en raison de différents facteurs, dont le niveau de développement économique, l’infrastructure IT existante, la réglementation, et la disponibilité des compétences en informatique.
Le Sénégal est l’un des pays d’Afrique francophone qui montre, depuis plusieurs années, un intérêt croissant pour le cloud. Des initiatives gouvernementales visent d’ailleurs à moderniser l’infrastructure IT du pays et à promouvoir l’adoption du cloud dans divers secteurs, notamment la santé et l’éducation. Les établissements éducatifs misent, en effet, sur le SaaS pour proposer des plateformes d’apprentissage en ligne. Ce qui permet aux étudiants d’accéder aux cours, aux ressources pédagogiques et aux évaluations à partir de n’importe quel endroit avec une connexion Internet, favorisant ainsi l’apprentissage à distance.
En Côte d’Ivoire, les entreprises s’intéressent aussi de plus en plus aux services cloud pour améliorer leurs opérations. Et ce, d’autant que les fournisseurs de services cloud internationaux étendent leur présence dans la région, facilitant ainsi l’accès aux solutions cloud pour les entreprises ivoiriennes.
Le Maroc et la Tunisie enregistrent également une augmentation de l’adoption du cloud, notamment dans les secteurs de la finance, de l’éducation et des services gouvernementaux. Les entreprises marocaines et tunisiennes considèrent aujourd’hui le cloud comme une solution majeure pour moderniser leurs opérations et répondre aux besoins changeants du marché.
Reste que de nombreux pays africains doivent composer avec des infrastructures IT limitées, des coûts d’accès à Internet élevés, sans compter les préoccupations en matière de sécurité des données et la pénurie de compétences techniques. Malgré cela, l’adoption du cloud poursuit sa croissance, à mesure que les organisations et les pouvoirs publics reconnaissent les avantages de cette technologie pour stimuler l’innovation, améliorer l’efficacité et favoriser le développement économique.
Automatisation : une démocratisation encore lente
L’automatisation des processus offre des gains d’efficacité significatifs et les technologies (RPA, BPM, iPA, etc.) sont matures. Toutes les organisations (entreprises, comme administrations) ont donc désormais la possibilité d’automatiser certaines tâches répétitives, permettant ainsi aux employés d’éviter des opérations de saisie et de recopie chronophages et sources d’erreur.
Or, tous les pays n’ont pas le même niveau de maturité technologique, ni la même volonté d’innover. Ceux qui sont en avance dans l’adoption et les usages de la GED sont les premiers à s’intéresser aux atouts de l’autorisation. Des initiatives gouvernementales et des projets dans le secteur privé visent, en effet, à moderniser les processus administratifs, par le biais de GED bien entendu, mais aussi par celui d’outils d’automatisation des flux de travail et d’outils de digitalisation.
En Côte d’Ivoire, les entreprises, en particulier dans les secteurs bancaire et financier, ont adopté des solutions d’automatisation pour accélérer leurs processus, réduire les erreurs et améliorer la conformité réglementaire. Et ce, d’autant que des initiatives gouvernementales soutiennent la transformation digitale du pays.
Le Cameroun, bien qu’il soit confronté à d’importants défis en termes d’infrastructures, montre lui aussi un intérêt croissant pour l’automatisation des processus. Les entreprises cherchent, en effet, à réduire les délais, à améliorer la qualité de leurs services et à renforcer leur compétitivité grâce à ce type de solutions.
In fine, un important travail d’évangélisation des fournisseurs de solutions reste à faire auprès des acteurs locaux afin qu’ils perçoivent clairement tous les bienfaits de ces outils d’automatisation.
IA : des usages en devenir
L’adoption et l’utilisation de l’IA sont encore à un stade précoce en Afrique francophone, mais elles connaissent une croissance rapide. Selon une étude de l’ONU, l’Afrique francophone pourrait être l’un des principaux marchés de l’IA d’ici 2030. Et plusieurs secteurs d’activités ont déjà perçu les avantages de l’IA dont :
- La santé : L’IA est utilisée pour développer de nouveaux médicaments et traitements, pour améliorer le diagnostic et le suivi des patients, pour développer la télémédecine (un axe prioritaire au Sénégal) et pour réduire les coûts généraux.
- L’éducation : L’IA est utilisée pour personnaliser l’apprentissage, pour fournir un soutien aux étudiants en difficulté, et pour améliorer l’efficacité de l’enseignement.
- L’agriculture : L’IA est utilisée pour améliorer la productivité agricole, pour réduire les risques de perte de récoltes, et pour augmenter la résilience aux changements climatiques.
- La finance : L’IA est utilisée pour lutter contre la fraude, pour améliorer la gestion des risques, et pour fournir des services financiers aux populations rurales.
- L’administration publique : L’IA est utilisée pour améliorer la transparence et l’efficacité des administrations publiques, pour lutter contre la corruption, et pour renforcer la sécurité.
Certains gouvernements africains ont lancé des stratégies, des politiques, des programmes éducatifs, des programmes de recherche, des formations et des initiatives autour de l’IA pour accompagner l’innovation via des start-up. Pour ces gouvernements, l’IA représente un levier économique important.
Mais de nombreux obstacles restent à surmonter pour que l’IA puisse éclore dans tous les pays d’Afrique, le principal étant le manque de données. L’IA nécessite, en effet, des données massives pour s’entraîner et fonctionner efficacement. Et tous ces pays en ont peu puisqu’ils n’en sont qu’au début de leur transformation digitale. Le manque de compétences pose également problème. Il existe une pénurie de compétences en IA en Afrique francophone. Les gouvernements et les entreprises doivent investir dans la formation des talents locaux afin de répondre à la demande croissante d’experts en IA. A cela, s’ajoutent des préoccupations éthiques.
L’utilisation de l’IA soulève aussi des préoccupations éthiques, notamment en matière de discrimination, de confidentialité et de responsabilité. Les gouvernements et les entreprises doivent élaborer des cadres éthiques pour guider l’utilisation de l’IA en Afrique francophone.
Malgré ces défis, l’adoption et l’utilisation de l’IA en Afrique francophone sont appelées à se développer rapidement dans les années à venir. L’IA a le potentiel de transformer de nombreux secteurs de l’économie africaine et de contribuer au développement du continent.
5G : des territoires encore vierges
En ce qui concerne le déploiement de la 5G, les pays d’Afrique francophone n’en sont encore qu’aux phases de tests. En 2023, seuls trois pays (l’Afrique du Sud, le Togo et le Zimbabwe) ont lancé des services 5G commerciaux. Mais de nombreux autres pays africains francophones ont annoncé des plans pour déployer la 5G dans les années à venir. En 2024, la 5G devrait être disponible dans les grandes villes de pays tels que le Maroc, la Tunisie, le Sénégal, le Cameroun et le Rwanda.
Dans certains pays, des tests pilotes ont été réalisés et les opérateurs de télécommunications évaluent les possibilités de déploiement commercial. La Côte d’Ivoire envisage le déploiement de la 5G et a réalisé des tests pour évaluer la faisabilité de cette technologie sur son territoire. Les opérateurs locaux sont en phase d’exploration, mais le déploiement commercial n’est pas encore généralisé.
Dans d’autres, des discussions et des démonstrations ont eu lieu pour explorer le potentiel de cette technologie. Les opérateurs locaux examinent les opportunités et les défis liés à sa mise en œuvre, mais aucun déploiement commercial n’a encore été annoncé. Enfin, au Cameroun, les opérateurs locaux participent à des initiatives visant à tester la viabilité de la technologie, mais aucune mise en œuvre commerciale à grande échelle n’a été annoncée.
Le déploiement de la 5G en Afrique est influencé par plusieurs éléments, notamment le coût des infrastructures, la disponibilité des fréquences appropriées et les priorités budgétaires des gouvernements. Mais la situation devrait rapidement évoluer et des conditions plus propices au déploiement de la 5G devraient émerger.
Signature électronique : un cadre favorable à une adoption croissante
Enfin, d’autres technologies gagnent également du terrain. C’est le cas de la signature électronique qui connaît une croissance rapide. Selon une étude de la Banque mondiale, la part des entreprises africaines utilisant la signature électronique est passée de 10 % en 2018 à 25 % en 2023.
Certains pays ont d’ailleurs mis en place depuis plusieurs années déjà des cadres juridiques et réglementaires pour la signature électronique, et encouragent les entreprises à l’utiliser. Ainsi, au Maroc, le gouvernement a mis en place une plateforme de signature électronique pour les administrations publiques. Même chose au Sénégal, où le gouvernement a adopté une loi sur la signature électronique en 2021, ou encore au Cameroun, où la société de télécommunications MTN Cameroon propose une solution de signature électronique à ses clients.
Toutes ces technologies jouent un rôle crucial dans la modernisation et la transformation digitale des organisations d’Afrique francophone. Elles sont même devenues incontournables pour garantir leur compétitivité, favoriser l’innovation, et contribuer au développement durable du continent.
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